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Le développement de l'hydroélectricité inquiète les associations

Le 23 juillet dernier, le ministre d'Etat Jean-Louis Borloo annonçait un plan national de relance de la production hydroélectrique. Cet objectif inquiète les associations qui craignent une nouvelle dégradation des cours d'eau.

Energie  |    |  S. Fabrégat
   
Le développement de l'hydroélectricité inquiète les associations
© Marek
   
Pour atteindre l'objectif de 23 % de part des énergies renouvelables dans la consommation d'énergie finale en 2020, le comité opérationnel EnR du Grenelle de l'environnement a élaboré un scénario de développement de ces énergies pour les années à venir. Selon ce plan, l'hydroélectricité, première source d'électricité renouvelable en France, devra augmenter sa production de 0,6 %, soit passer de 5,2 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) produits en 2006 à 5,8 Mtep en 2020. Une ambition confirmée par Jean-Louis Borloo qui annonçait, le 23 juillet dernier, un plan de relance de l'hydroélectricité en France. Si l'objectif définitif sera fixé dans le cadre de la programmation pluriannuelle des investissements (PPI) qui planifie le développement de la production électrique, les associations de défense de l'environnement s'inquiètent d'ores et déjà de la menace que peut constituer un tel développement pour les cours d'eau français. Une table ronde sur l'hydroélectricité réunissant les représentants des maires de France, les producteurs hydroélectriques et les associations environnementales travaille depuis septembre à l'élaboration d'une convention pour le développement d'une hydroélectricité durable. Les conclusions de ce groupe de travail devraient être soumises à l'arbitrage de Jean-Louis Borloo en janvier prochain.

Moderniser l'hydroélectricité et construire de nouvelles installations

Le plan national de développement des énergies renouvelables, présenté par le ministre d'Etat le 17 novembre dernier, prévoit de développer une hydroélectricité durable, plus performante en termes énergétiques et exemplaire en matière d'insertion environnementale. Avec 12 % de la production nationale d'électricité (70 térawatts-heure par an), l'hydroélectricité se place comme la première source d'électricité d'origine renouvelable en France. Le pays dispose du deuxième parc installé en Europe après la Norvège.
Le plan national envisage de moderniser et d'optimiser le parc existant en stimulant les investissements. Selon le ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire (MEEDDAT), la mise en concurrence des concessions hydroélectriques (d'ici 2020 un quart de la puissance hydroélectrique totale) sera l'occasion de sélectionner les exploitants sur la base des améliorations d'efficacité énergétique et des mesures de restauration de la qualité de l'eau qu'ils proposeront.
Le scénario prévoit également le développement d'un parc de nouvelles installations à haute qualité environnementale. Un inventaire du potentiel de développement hydroélectrique des cours d'eau devrait être réalisé prochainement.
Selon les associations de protection de l'environnement, le groupe de travail qui planche actuellement sur le développement futur de l'hydroélectricité envisage d'augmenter de 2 à 7 térawatts-heure le parc français, grâce en partie au déploiement de petites installations hydroélectriques. Un objectif qui inquiète les ONG, soucieuses de l'état actuel des cours d'eau.

Une mise en concurrence des services de l'eau dénoncée par les associations

Nos cours d'eau sont en très mauvais état. La modification de l'hydromorphologie apparaît comme un facteur de dégradation au moins équivalent à celui de la pollution, explique Jacques Pulou, responsable de la politique eau de la Frapna (fédération régionale des associations de protection de la nature de Rhône-Alpes).
Les associations de protection de l'environnement demandent donc que le développement de l'hydroélectricité prenne en compte la préservation des milieux aquatiques, à l'heure ou la Directive cadre sur l'Eau (DCE) nous impose de restaurer nos rivières d'ici 2015. Le texte européen entré en vigueur en décembre 2000 prévoit en effet d'atteindre le bon état des eaux d'ici sept ans.
Or, le déploiement de l'énergie hydraulique met en concurrence différents services de l'eau, qu'il faudrait hiérarchiser selon les ONG : les émissions de CO2 évitées par le développement de l'hydroélectricité sont minimes par rapport à la dégradation des milieux causée par un tel développement. Les coûts que la dégradation des cours d'eau engendre sur les autres usages (pêche, tourisme, eau potable…) ne sont pas compensés par la production d'électricité, souligne Bernard Rousseau, responsable du réseau eau de France nature environnement (FNE). Les associations, loin de s'opposer à l'hydroélectricité, préconisent une plus grande prudence.
On priorise les investissements sur la modernisation des sites existants et sur la préservation des sites vierges. Si nous commençons à dégrader un point qui est déjà dégradé, nous ne parviendrons pas à l'objectif de la DCE, explique Jacques Pulou.
Les associations de protection de l'environnement proposent que de nouvelles mesures viennent compléter le plan, afin de permettre un meilleur équilibre entre production hydroélectrique et restauration des rivières : une solution serait un plan ambitieux d'effacement de seuils. Pour mémoire, il existe plus de 40.000 petits seuils en France, souvent dommageables pour l'écologie des cours d'eau, et dont seulement 10 % ont un usage avéré.

Réactions8 réactions à cet article

vive la micro-hydraulique !!!

je ne vois pas en quoi les petits sites de production d'électricité
auraient un impact négatif sur l'environnement ; bien au contraire!! ne comparons pas un barrage sur un fleuve et les seuils existants depuis bien longtemps sur nos cours d'eau.

Anonyme | 04 décembre 2008 à 20h13 Signaler un contenu inapproprié
Petits sites sur petits cours d'eau = Maxi dégats

Les petits sites ont un impact qui peut être identique à ceux des grands ouvrages sur la migration des espéces le long des cours d'eau. Les ouvrages de franchissement piscicole n'ont qu'un effet limité et ne fonctionnent qu'à la montée de l'aval vers l'amont et non dans le sens inverse. La multiplication des petits ouvrages même équipés d'ouvrages de franchissement bloque les migrations.
Les petits sites perturbent le transport solide en bloquant temporairement les sédiments et en les relarguant en bloc lors des chasses.
Chaque petit site détermine un plan d'eau à l'amont et s'il fonctionne en dérivation, un tronçon court circuité alimenté par un débit très réduit.
Toutes ces modifications de l'hydrologie perturbent le pouvoir épuratoire des cours d'eau, limite les tronçons parcourus par de l'eau courante et favorise son asphyxsie par eutrophisation.
La multiplication des petits sites modifie fondamentalement le cours d'eau jusqu'à le transformer en un escalier de plans d'eau interconnectés par des Oueds asséchés.
Par petits sites il faut entendre des installations de puissance allant jusqu'à 12 MW (en moyenne 1 à 2 MW) soit environ 1200 fois celle d'un ancien moulin qui sont une des origines des "seuils existants depuis longtemps sur nos cours d'eau" cités dans le message. Les petits sites n'ont donc rien à voir avec les moulins d'antan.
S'il n'était question que de remettre en route les anciens moulins (qui avaient aussi des impacts) l'inquiétude serait bien moins grande.

Anonyme | 04 décembre 2008 à 23h41 Signaler un contenu inapproprié
Re:Petits sites sur petits cours d'eau = Maxi dég.

sans compter l'aspect esthétique des ouvrages hydrologiques qui constituent parfois (souvent) une véritable pollution visuelle et dégrade grandement le site ou ils sont implantés, contrairement a certain pays ou ils ressemblent plus aux "moulins d'antan" et sont parfaitement intégrés au paysage.

lionel gaulier | 05 décembre 2008 à 10h08 Signaler un contenu inapproprié
Re:Petits sites sur petits cours d'eau = Maxi dég.

le retour à un bon état écologique de nos cours d'eau passe d'abord
par la lutte contre les nombreuses formes de pollution (agriculture,assainissement....)
soyons réaliste,les "maxi dégats", c'est en ne développant pas au maximum toutes les formes d'énergie renouvelables qu'on les aura .
restons vigilants à ne pas avoir d'impact négatif sur nos cours d'eau , mais je crois que pour cela nous pouvons faire confiance à notre administration , elle nous encadre !!!

guy | 05 décembre 2008 à 22h38 Signaler un contenu inapproprié
réfléchir avant d'agir

Arrêtons de dégrader nos cours d'eau, de noyer des vallées et par la même occasion de détruire l'habitat de nombreuses espèces (poissons, invertébrés et mammifères).
Il existe des projets qui vise le retour d'espèces gravement menacés (les salmonidés par exemple, ou la loutre). La mise en place d'infrastructure sur certain cours d'eau irait à l'encontre de ces études. Le ministère de l'enviro... devrait peut etre prendre plus en considération les travaux effectués par les scientifiques et les techniciens avant de pondre un projet.

Il existe dors et déjà un grand nombre de turbine marchant avec les marées qui pourrait avoir un intérés énormes, faut il, là encore, faire des études approprié avant leur inplentation (estuaire constituant des flux migratoire de poissons...).

L'energie marine (les marées) sont régulières, prévisibles, et toutes l'années. Pas de problème de crue et les impact écologique sont à mon avis plus faible.

Pierre | 11 décembre 2008 à 12h32 Signaler un contenu inapproprié
Optimiser, mais aussi supprimer

Optimiser l'existant, voire ajouter des barrages dans des chaînes existantes, mais en contrepartie détruire certains barrages trop dommageables pour l'environnement, voilà une façon de concilier deux directives : énergie et eau. Mais les appétits des microcentraliers sont très grands, et ils veulent faire turbiner leur argent. La trame bleue et les réservoirs biologiques risquent de perdre devant ces appétits, et devant l'idée communément répandue que l'énergie hydraulique serait "propre".

DRNUGON | 11 décembre 2008 à 15h23 Signaler un contenu inapproprié
Tout cela était prévisible !

Le lobby des producteurs d'electricité en France est pour une grande part responsable du retard que nous avons en matière d'energies renouvelables.
Ils remettent une couche maintenant avec les conséquences néfastes qui en découleront:
Exemple: Dans le Bassin Rhône Mediterranée, le bon état des cours d'eau en 2015 ? Il est déjà annoncé que l'on passera de 40 à seulement 55% en 2015.
Le Rhône? Avec un ouvrage tous les 25 km,il a été condamné. Alors que l'on parle de réhabilitation, avec en particulier une augmentation des débits reservés pour les zones court circuitées,une telle décision ne peut que limiter encore les timides améliorations possibles.
Merci le Nucléaire, EDF, Suez (CNR).....etc

Sauvons Notre Futur | 11 décembre 2008 à 22h49 Signaler un contenu inapproprié
Re:Petits sites sur petits cours d'eau = Maxi dég.

Merci pour votre éclairage sur les impacts environnementaux des petits sites.

Cela m'amène à une remarque et une question :
- toute mesure sur l'eau associée à l'énergie a pour conséquence l'anthropisation (quelque soit la taille de l'ouvrage), donc une modification de l'état naturel d'un site. D'où cette question :
- peut-on hierarchiser les impacts environnementaux selon le type d'ouvrage par rapport à la production d'énergie 'renouvelable', ou faut-il poser la question autrement ?

Cordialement

Anonyme | 12 décembre 2008 à 12h07 Signaler un contenu inapproprié

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