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Quels sont les risques de cas graves et de décès des non-vaccinés face à omicron?

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Bien moins élevés qu’avec delta, les risques d’hospitalisation et de décès restent réels avec le variant omicron, surtout pour les plus âgés. Une probabilité largement diminuée pour les vaccinés avec rappel.
par Luc Peillon
publié le 1er février 2022 à 14h44
Question posée par Philippe le 30 janvier

Vous nous interrogez sur un graphique publié sur Twitter le 29 janvier par Florence Débarre, chercheuse en biologie évolutive au CNRS. Basé sur les données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), ce visuel permet, sur la période du 20 décembre 2021 au 23 janvier 2022, de mesurer, parmi les personnes positives au Sars-Cov-2, les risques respectifs de décès pour les vaccinés et les non-vaccinés, que ce soit face au variant omicron ou à son prédécesseur delta.

«Il était dommage de représenter les résultats des trois catégories vaccinales avec des axes différents ; j’en ai profité pour réfléchir à une visualisation alternative de ces mêmes données Drees, mettant l’accent sur l’efficacité vaccinale, puis sur la comparaison entre variants», écrit-elle en accompagnement de son graphique.

Une fois publié, le tweet a été largement relayé, et parfois commenté comme une preuve que, face à omicron, le risque de décès était finalement faible chez les non-vaccinés de 60 ans à 79 ans, et nul pour les moins de 60 ans.

Le fait que la mortalité liée au virus soit extrêmement concentrée sur les plus de 60 ans est connu depuis les premières semaines de l’épidémie, en mars 2020, comme nous l’écrivions à l’époque. Chez les plus jeunes, où la mortalité de delta était donc déjà quasi-nulle, il est logique que les taux de létalité, avec omicron, se confondent.

Il est vrai, par ailleurs, que dans les tranches d’âge supérieures (60-79 ans ou plus de 80 ans), omicron est moins mortel que delta. Mais le risque n’est pas nul pour autant. Et les données de la Drees montrent aussi, à chaque fois, que les vaccinés (avec ou sans rappel) connaissent une mortalité moins importante face à omicron.

Plus faible taux de létalité chez les vaccinés

Chez les personnes positives de plus de 80 ans non-vaccinées, le risque de décès avec omicron s’élève ainsi à environ 5%, contre 11,5% avec delta. Soit une division par près de deux. Mais chez les vaccinés, il demeure plus faible encore, chutant à 2,4% pour les vaccinés sans rappel (4,7% avec delta) et à 0,75% pour les vaccinés avec rappel (3,8% avec delta). Face à omicron, les vaccinés avec rappel connaissent ainsi une mortalité six à sept fois moins importante que les non-vaccinés.

Concernant les 60 à 79 ans, chez les non-vaccinés, le taux de létalité est à 0,8% avec omicron (contre 3% avec delta). Parmi les vaccinés sans rappel, il est tombé à 0,4% (1% avec delta), et à 0,1% parmi les vaccinés avec rappel (1% avec delta).

Chez les moins de 60 ans, la létalité apparaît nulle avec omicron, chez les vaccinés comme chez les non vaccinés. Mais elle était déjà, comme évoqué plus haut, très faible avec delta.

A noter que ces données ne concernent pas tous les cas, mais seulement ceux où un test positif a pu être retrouvé dans Si-Dep, système de centralisation des tests. A l’inverse, les données concernant omicron sont possiblement surestimées, en raison de la hausse ces dernières semaines, avec ce variant, de patients décédés «avec» le Sars-Cov-2, mais d’une autre pathologie que le Covid-19. Les autorités sanitaires n’en donnent pas la part, notamment parce que le lien entre le Covid-19 et le décès est parfois difficile à établir. Un problème qui existait déjà avec delta, mais dans une moindre proportion, en raison de sa plus faible incidence.

Par ailleurs, comme l’a rappelé Florence Débarre, au-delà des décès, omicron peut également causer des formes graves. Même si, là aussi, le nouveau variant est systématiquement moins pathogène que delta, quelle que soit la catégorie d’âge. Le même exercice peut ainsi être prolongé avec les hospitalisations conventionnelles et les entrées en soins critiques.

Hospitalisations et soins critiques

Parmi les plus de 80 ans non-vaccinés et positifs au virus, le risque d’hospitalisation conventionnelle se monte à 21,5% avec omicron, contre 28% avec delta. Chez les vaccinés sans rappel, ce taux descend à 14,2% (16,1% avec delta), et pour les vaccinés avec rappel, à 7% (11,4% avec delta).

Chez les 50-69 ans non-vaccinés, le risque d’hospitalisation passe de 14,5% avec delta à 6,4% avec omicron. Il est réduit à 4,2% pour les vaccinés sans rappel (5,1% avec delta), et à 1,9% pour les vaccinés avec rappel (4,8% avec delta).

Chez les 20-59 ans non-vaccinés, le risque d’hospitalisation est de 1,1% avec omicron, contre 2,8% avec delta. Il est abaissé à 0,4% pour les vaccinés sans rappel (0,8% avec delta) et à 0,2% pour les vaccinés avec rappel (1,2% avec delta).

Concernant enfin les soins critiques, enfin, le risque d’entrer dans ce type d’unité, parmi les plus de 80 ans non-vaccinés et positifs au virus, est de 1,1% avec omicron, contre 2,6% avec delta. Pour vaccinés sans rappel, ce taux descend à 0,5% (1,4% avec delta) et à 0,3% pour les vaccinés avec rappel (1% avec delta). A noter que les plus de 80 ans sont beaucoup moins souvent orientés, quel que soit le variant, vers les services de réanimation que les autres classes d’âge.

Chez les 60-79 ans non-vaccinés, le risque d’entrer en soins critiques est de 1,9% avec omicron, contre 6,7% avec delta. Il est réduit à 0,85% pour les vaccinés sans rappel (1,75% avec delta), et à 0,3% pour les vaccinés avec rappel (1,7% avec delta).

Chez les 20-59 ans non-vaccinés, le risque est de 0,2% avec omicron, contre 0,9% avec delta. Il devient quasi inexistant pour les vaccinés sans rappel (0,2% avec delta) comme pour les vaccinés avec rappel (0,3% avec delta).

A noter que, comme pour les décès, les chiffres des hospitalisations et admissions en soins critiques sont aussi «pollués» par la présence, parmi les cas positifs à omicron, de personnes porteuses du Sars-Cov-2 mais admises pour d’autres raisons que le virus. Même si le tri n’est pas aisé à faire (le virus pouvant être un facteur aggravant en cas de comorbidités), cette confusion peut amener à une surestimation des hospitalisations et entrées en soins critiques générées par le Covid-19.

Pour aller plus loin :

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