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"Il va falloir choisir entre le Général de Gaulle et Adolf Hitler": Michel Onfray "n'ira pas voter" à la présidentielle

L'intellectuel Michel Onfray était l'invité de BFMTV-RMC ce vendredi matin. Il a annoncé qu'il s'abstiendrait lors de la présidentielle à venir, l'estimant "jouée d'avance" et dévolue à un candidat favorable à l'Europe "maastrichtienne", c'est-à-dire libérale.

Qu'on se le dise: Michel Onfray n'ira pas voter. Invité ce vendredi matin sur BFMTV-RMC, l'essayiste a livré sa vision de la présidentielle à venir. En pleine tournée promotionnelle pour le second tome de sa Nef des fous qui sous ce titre tiré d'une oeuvre de Jérôme Bosch se veut une chronique de l'époque, l'intellectuel a estimé que le scrutin était "joué d'avance", promis à un candidat favorable à une Union européenne sous bannière libérale.

Et pour lui, ce pipage de dés sera incarné au second tour par une fausse alternative. "Il va falloir choisir entre le général de Gaulle et Adolf Hitler, c’est comme ça que les choses nous sont présentées", a ainsi déploré Michel Onfray.

Contre l'Europe de "Maastricht"

Sans ambages, Michel Onfray a affirmé qu'il n'ira pas voter. Et "je ne vais pas à des élections jouées d'avance", a-t-il ajouté. "Je peux vous dire qui sera élu. Je vous parie que ce sera un cadidat maastrichtien". "Maastrichtien", une épithète qui renvoie donc au Traité de Masstricht de 1992 qui avait entre autres inauguré le processus menant à la création de l'Euro et donc à l'union monétaire de l'Union européenne.

"Un candidat maastrichtien, c'est-à-dire qui défend ce qu’ont défendu Mitterrand à partir de 1983, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron...", a-t-il expliqué. Analysant le paysage politique actuel, il a renvoyé les prétendants à l'Elysée dos-à-dos ou ruiné leurs espoirs éventuels: "Si c’est pas Macron, ce sera Valérie Pécresse, ce sera sûrement pas Zemmour, sûrement pas Marine Le Pen. C’est le même système qui va fonctionner."

D'autant plus que selon lui, le second tour mettra en scène - et de manière caricaturale - un faux duel: "In fine, il y a un goulot d’étranglement et il va falloir choisir entre le général de Gaulle et Adolf Hitler, c’est comme ça que les choses nous sont présentées".

"Là, éventuellement, on aura le choix entre le général de Gaulle et le général Giraud", a-t-il ironisé, en référence, à cet officier attentiste dans un premier temps, finalement passé dans le camp des Alliés durant la seconde guerre mondiale.

"Le surgissement de la solidarité"

Est-ce à dire que l'essayiste verrait d'un oeil bienveillant l'une des candidatures d'extrême droite? Non: s'il s'est dit d'accord avec le constat d'Eric Zemmour au plan civilisationnel, il lui a une nouvelle fois reproché de ne pas "avoir de bras gauche" au plan social. Quant à Marine Le Pen, Michel Onfray l'a brocardée: "Marine Le Pen a cessé d'être souverainiste, si elle l'a jamais été".

Michel Onfray s'est ainsi revendiqué de deux traditions politiques. Une gauche "souverainiste et chevènementiste" d'abord: "Je suis du côté des souverainistes, qui disent que si on ne sort pas de cette Europe-là on n’aura pas les moyens de notre politique."

"La souveraineté a disparu au profit de ce qui est un État européen, impérial, maastrichtien", a-t-il encore pourfendu. Et il s'est revendiqué du socialisme révolutionnaire, mais sur un mode girondin, "proudhonien", reposant sur un principe de subsidiarité.

"Là où vous êtes vous pouvez changer les choses", a explicité Michel Onfray qui a illustré: "Dans un village, on peut racheter une épicerie et faire une coopérative. Aux personnes âgées, vous dites: 'Vous allez faire les devoirs scolaires avec des enfants' et on va socialiser les uns et les autres". "C’est le surgissement de la solidarité, là où pour le moment l’argent fait la loi, à l’hôpital, dans les Ehpad", a-t-il proclamé.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV