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Retraites: "Le gouvernement a fait une erreur de 4 milliards" selon l’économiste Michaël Zemmour

Dans "Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story, l’économiste Michaël Zemmour pointe une erreur du gouvernement dans le calcul des recettes de la réforme des retraites, selon le rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR).

Objectif raté pour la réforme des retraites? Selon le Conseil d'orientation des retraites (COR), dont le nouveau rapport doit être dévoilé le 22 juin, elle ne permettra pas de retrouver l’équilibre du système à l’horizon 2030. Et d’après l’économiste Michaël Zemmour, invité d’"Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story, c’est en partie à cause d’une erreur dans le calcul des recettes apportées par la réforme.

"La réforme va produire des économies, puisqu’elle va réduire les droits à la retraite des personnes qui partent à la retraite dans les années qui viennent, explique-t-il. Donc ça fait beaucoup d’économies. Mais selon le COR, elle ne permet pas d’atteindre l’équilibre à l’horizon 2030. Il y a plein de raisons. Des raisons de prévisions, des concessions qui ont été accordées par le gouvernement pendant la réforme… On se rappelle notamment des carrières longues. Et il y a une autre raison: le gouvernement, lorsqu’il a présenté les comptes de la réforme, a fait une erreur de présentation. Il a compté deux fois certaines recettes. C’est une erreur de l’ordre de 4 milliards. Cela explique en partie pourquoi on n’atteindra pas l’équilibre en 2030, alors que c’était un objectif du gouvernement."

"Quand on fait une réforme des retraites, on fait travailler plus longtemps certaines personnes, qui vont payer des cotisations sociales, poursuit Michaël Zemmour. Ces cotisations étaient déjà comptées par le rapport du COR, déjà incluses comme un effet de la réforme. Et quand le gouvernement a présenté aux parlementaires son tableau de la réforme, il les a comptées une deuxième fois. Ils ont compté 3 ou 4 milliards d’euros de trop dans le tableau Excel qui leur faisait dire qu’ils atteindraient l’équilibre en 2030. C’est une erreur relativement modeste en termes de montant. On parle d’un déficit de 6 milliards en 2030, il n’y a pas le feu au système de retraites, comme il n’y avait pas le feu avant. Par contre, du point de vue de la présentation des enjeux de la réforme, c’est une faute."

"Le principal problème de la réforme, c’est qu’elle ne règle pas les grosses difficultés du système"

Selon Michaël Zemmour, sur cette réforme des retraites, "le gouvernement s’est un peu pris à son propre jeu en mettant très en avant la question du déficit et en le dramatisant". "En réalité, il n’y a pas d’enjeu dramatique sur le déficit, souligne-t-il. La réforme a vraiment des effets parce qu’elle va décaler les droits à la retraite et elle produit des économies assez importantes dans les premières années. Sans la réforme, le déficit serait deux ou trois fois plus important. La réforme ne fait pas rien, elle produit des économies. Par contre, le rapport nous dit des choses peut-être beaucoup plus importantes que le déficit."

"Il nous dit d’abord que la retraite se raccourcit, ajoute l’économiste. Les personnes qui sont nées en 1968, qui vont subir de plein fouet la réforme, vont avoir deux ans de retraite en moins que la génération de leurs parents. C’est la première fois qu’on le lit dans le rapport du COR. On a souvent entendu: on vit plus vieux, il faut travailler plus longtemps. Ce qu’on voit, c’est que la réforme prend plus que les gains d’espérance de vie. Jusqu’à il y a dix ans, la retraite n’était qu’un long progrès, elle n’a pas cessé de s’améliorer depuis les années 1970. Et aujourd’hui, la retraite se raccourcit. Elle sera moins bonne pour les nouvelles générations."

"Le principal problème de la réforme, c’est qu’elle ne règle pas les grosses difficultés du système, estime Michaël Zemmour. Sur les inégalités homme-femme, il n’y a pas de réponse. On va décaler l’âge de départ des femmes, même si leurs pensions augmentent un peu. Et on s’est aggravé le problème de la précarité des séniors. Toutes les personnes qui finissent leurs carrières au chômage ou au RSA vont connaitre un temps de précarité avant la retraite plus long. La réforme n’y répond pas et elle a aggravé le problème."

LP