Publicité

Glyphosate : Monsanto aurait manipulé des publications scientifiques

Une enquête publiée par « Le Monde » révèle que le géant de l’agrochimie aurait rédigé des études favorables au glyphosate, puis payé des scientifiques pour les signer.

Par Les Echos

Publié le 4 oct. 2017 à 19:25

Actuellement poursuivi aux Etats-Unis par 3.500 plaignants, qui accusent le glyphosate d’être cancérogène, Monsanto a été contraint de rendre publics des dizaines de milliers de pages de documents. C’est à partir de l’analyse de ces documents, qui comprennent notamment des courriels, que le quotidien « Le Monde » publie ce mercredi une enquête sur les pratiques de désinformation du géant de l’agrochimie.

Pour contrer les critiques émises contre son produit phare, le Roundup (qui contient du glyphosate), la multinationale aurait mis en place une stratégie de désinformation étendue.

Des tribunes dans les médias

Une de ses pratiques consisterait à s’immiscer dans les médias afin de convaincre l’opinion publique. « Le Monde » cite l’exemple d’un échange de courriels datant de mars 2015 entre le biologiste américain Henry Miller et un cadre de la compagnie. Il y est convenu qu’un texte critiquant les pratiques du Centre international de recherche sur le cancer (qui a classé le glyphosate en cancérogène probable) soit signé par le biologiste. Ce texte a été publié presque sans modification dans le magazine économique « Forbes ».

Publicité

Contacté par « Le Monde », Monsanto assume avoir « fourni la version initiale » du texte mais assure que les « opinions exprimées dans cette tribune » sont celles d’Henry Miller.

La pratique du ghostwriting

D’après l’enquête du « Monde », les documents de Monsanto laisseraient également apparaître « un faisceau d’indices suggérant que la firme pratique couramment le ghostwriting ». Cette pratique consiste pour une entreprise à rédiger elle-même une étude scientifique, puis à rémunérer des scientifiques extérieurs afin qu’ils les endossent en les signant.

En novembre 2010, une toxicologue de Monsanto aurait ainsi envoyé un manuscrit de 46 pages à un cabinet de consultants, qui a supervisé la publication de l’article dans une revue scientifique. Le nom de la toxicologue avait été au préalable supprimé de la liste des auteurs.

Des études amendées

Le géant de l’agrochimie aurait également pour pratique de passer en revue et de « lourdement amender », et « peut-être même directement écrire » les articles scientifiques qu’il finance, peut-on lire dans l’enquête.

C’est ce qui serait arrivé avec des synthèses de la littérature scientifiques rédigées par une quinzaine d’experts, rassemblés par un cabinet de consultant lui-même missionné par Monsanto. La notice accompagnant les articles précisait pourtant que malgré son financement, Monsanto n’avait pas passé en revue les manuscrits.

De nombreux scientifiques seraient ainsi liés par contrat, ponctuellement ou à l’année, à Monsanto d’après « Le Monde ».

Monsanto attaqué en France

La dangerosité du glyphosate n’est pas seulement questionnée outre-Atlantique. Ce mercredi en France, les parents d’un garçon de 10 ans atteint de graves malformations congénitales ont décidé de poursuivre en justice des fabricants d’herbicides à base de glyphosate, dont le géant américain Monsanto, responsable, selon eux, du handicap de leur fils Théo.

Le renouvellement de la licence du glyphosate dans l’UE fait également l’objet d’un bras de fer à Bruxelles. Son autorisation actuelle s’achève fin décembre.

Publicité

A ce jour, la France est l’un des seuls pays, avec l’Autriche et l’Italie, à s’opposer publiquement à la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans la licence du produit. Le gouvernement français s’est cependant dit ouvert à une période d’autorisation réduite, à cinq ou sept ans par exemple.

LES ECHOS

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité