Kernza : cette nouvelle céréale pourrait révolutionner notre alimentation (et sauver la planète)

Publié le 22 janvier 2019 à 17h54
Kernza : cette nouvelle céréale pourrait révolutionner notre alimentation (et sauver la planète)
Source : iStock

CULTURE - Depuis quelques années, des scientifiques américains concentrent leurs recherches sur ce qui pourrait bien révolutionner notre alimentation : la graine de Kernza. Riche en protéines, calcium et oméga-3, elle peut pousser dans des conditions extrêmes et ne nécessite que peu d'entretien.

Il y a peu, trente-sept scientifiques de seize pays différents rappelaient l'urgence d'adapter notre alimentation à la croissance démographique exponentielle. Parmi leurs recommandations : la multiplication par deux des apports en graines entières dans nos menus, soit environ 200 grammes par jour. Malgré tout, la culture de céréales, faite avec des plantes annuelles qui ne produisent qu'une récolte, est très énergivore en combustibles fossiles, source de pollution de l'eau et impacte notre écosystème.

Or, une nouvelle céréale pourrait bien révolutionner notre alimentation. Faible en gluten et concentrée en protéines, en calcium et en oméga-3, elle est capable de résister à des conditions climatiques extrêmes et ne nécessite que très peu d'entretien.

De la culture de fourrage à l'alimentation humaine

Tout commence dans les années 80 lorsque l’agropyre intermédiaire, originaire d'Europe et d'Asie et introduite initialement sur le contiennent américain comme culture de fourrage, commence à intéresser les chercheurs américains. Ceux-ci répertorient alors les plantes vivaces qui pourraient se prêter à la production de céréales à grande échelle. Or son grain, riche en protéines, en calcium et en oméga-3, est excellent pour la santé. La culture de l’agropyre intermédiaire demande d'autre part un entretien minimal, la repousse de cette vivace se faisant chaque année sans intervention humaine.

Pendant une dizaine d'années, les scientifiques croisent des milliers de spécimens d’agropyre pour parvenir, entre autres, à augmenter la taille de la graine, alors très petite. Les racines sont aussi agrandies au fil des croisements pour atteindre en moyenne trois mètres de profondeur. Un élément salvateur pour l'érosion des sols, puisque les racines ainsi implantées permettent de retenir la terre. En 2013, une variété destinée à la production agricole est créée. Elle est baptisée Kernza.

Une farine aux notes de noix

Les premières récoltes, réalisées en 2015 au Minnesota, débouchent sur une production de onze kilos de graines, qui servent surtout à la production de bière artisanale. Quelques boulangeries font aussi de la farine de Kernza, malgré le fait que la graine soit cinq fois plus petite que celle du blé, ce qui ne facilite pas la tâche. "L’arôme est fabuleux : terreux avec des notes de noix. Mais la farine ne ressemble pas du tout à ce que les consommateurs connaissent", assure à Radio Canada un employé de la Baker’s Field Flour and Bread à Minneapolis.

Au Canada, le Kernza est implantée en 2013 par des chercheurs de l'université du Manitoba, dans l'ouest du pays. Si la première année, la récolte est catastrophique en raison des températures hivernales glaciales, la plante s'adapte petit à petit au climat. Les premières graines, récoltées pendant l'été 2018, doivent servir à semer une trentaine d’hectares de Kernza sur des fermes manitobaines à l’automne 2019.

Vers un développement des cultures

Il faudra cependant encore quelques années avant que le Kernza ne soit commercialisé plus largement. Des recherches sont en effet encore nécessaires pour notamment améliorer son rendement. Car à l'heure actuelle, la culture produit trois fois moins que le blé. Et sans production massive, le Kernza risque bien de rester un produit de luxe. D'après Radio Canada, la farine de Kernza coûte actuellement cinq fois plus cher que celle de blé en raison des stocks limités.


La rédaction de TF1info

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