Paroles de lecteurs
Pas très chauds pour le développement de la méthanisation

 « Ce qui me dérange surtout, c'est la volonté de développer de très grosses unités de méthanisation pour maximiser la rentabilité économique, au risque de les alimenter avec n'importe quoi », s'inquiète Patou. (©Terre-net Média)
« Ce qui me dérange surtout, c'est la volonté de développer de très grosses unités de méthanisation pour maximiser la rentabilité économique, au risque de les alimenter avec n'importe quoi », s'inquiète Patou. (©Terre-net Média)

 

Daniel Chateigner : « Bravo, la com' est plus importante que la technique ! (...) Au moins, les choses sont claires : les agriculteurs vont changer de métier, ils vont devenir "énergiculteurs". »

Titian : « Marre d'entendre parler à tout bout de champ de la méthanisation, un nouvel eldorado à contre temps... »

Pascal Hautiere :  « En période de sécheresse, est-il normal d’ensiler les maïs pour les méthaniseurs ? Cette plante consomme beaucoup de CO2, mais aussi de grandes quantités d’eau ! Autant utiliser ce maïs pour l’alimentation animale !! Un peu de bon sens, merci... »

En concurrence avec les fourrages, surtout les années sèches

What : « Un voisin me disait avant hier que, cette année, les méthaniseurs sont en concurrence avec les éleveurs qui manquent de fourrage... Selon lui, il va y avoir des problèmes à partir du mois de décembre. »

Phil47 : « D'autant que les Allemands et les Hollandais viennent de plus en plus chercher de la paille en France, voire en Espagne, pour leurs méthaniseurs. Les techniciens des chambres d'agriculture préconisent d'ailleurs de presser les résidus de maïs. »

Zéro :  « Oas durable à long terme surtout pour ceux qui ne balancent que du maïs et surtout pas écologique du tout car il y aurait autant de GNR consommé pour cultiver cette plante que de gaz produit par le méthaniseur ! Le revenu vient des primes de l'État ! Alléchant à court terme, mais après, ça fera... plouf ! »

Rebelle : « Pourtant, on nous a vanté, à maintes reprises, les avantages de la méthanisation, qui allie écologie et revenu, avec le système allemand comme exemple.
Au final, on va surtout diminuer les surfaces fourragères disponibles, pour alimenter les méthaniseurs en maïs, ce qui va encore augmenter le prix des aliments du bétail. Le manque de bon sens des conseillers agricoles dans toute sa splendeur ! »

« Ne rien connaître à l'agronomie »

Titian : « Pour faire très simple, les digestats ont perdu de l'énergie et favorisent moins la vie du sol qu'un engrais vert classique. Même remarque pour un fumier pailleux comparé à un compost : le second est presque à ranger parmi les fertilisants, même s'il est organique et vivant. Les bienfaits de la méthanisation sont donc à prendre avec des pincettes, comme ceux de tout engrais d'ailleurs. »

Agronomie : « De la bioéconomie en valorisant des co-produits en alimentation animale, oui. Faire passer la biomasse pour de l’écologie, non ! C’est ne rien connaître à l’agronomie. Un méthaniseur est une machine à brûler l'humus de la terre, donc le carbone. La préservation de la fertilité des sols passe par un bilan humique positif. Or, celui des substrats de méthaniseur ne l'est pas. C’est l’inverse de l'agriculture de conservation ! »

Vraie agronomie : « Ne rien connaître à l'agronomie, c'est croire que le méthaniseur brûle l'humus. C'est complètement faux : le potentiel humique des matières premières est entièrement conservé au cours du processus (la lignine reste intacte). Dans le domaine de la méthanisation, on trouve beaucoup de producteurs en A2C qui ont bien compris l'intérêt de cette technique, qui permet notamment d'encourager les couverts végétaux. »

Agronomie : « Les deux tiers du carbone, qui entre dans un méthaniseur, sont perdus pour les sols puisque du méthane se forme. Rien ne se crée, tout se transforme, comme nous l'avons tous appris à l'école. Un méthaniseur crame bien l’humus contenu dans la terre, de façon indirecte via un bilan humique négatif. »

Débat sur les digestats

Cocolasticot : « M. Agronomie parle sans connaître le sujet... Il y a des pertes de carbone, c'est indéniable, mais les digestats, riches en MO stable, améliorent la fertilité physique du sol. Par contre, la MO fraîche est digérée, mais pas à 100 % surtout dans les méthaniseurs agricoles. La valeur fertilisante des digestats booste les cultures. Il est donc important de bien regarder l'indice de stabilité de la matière organique des digestats (ISMO). Globalement, à l'échelle des exploitations, on produit plus de biomasse (souvent trois récoltes en deux ans) et même s'il y a des exportations, les résidus (racines, pertes à la récolte) apportent de la MO fraîche au sol. Et les couverts végétaux, fertilisés avec le digestat, restituent 4 à 5 tMS/ha. »

PàgraT : « D'après ce que j'ai pu lire, la vérité se trouverait entre les deux (mais je ne suis pas un spécialiste). Par ailleurs, la lignine n'est pas dégradée mais la cellulose si, et le potentiel humique du sol est conservé. Cependant, il est couramment admis que la valeur agronomique du digestat se situe entre celle du lisier et celle du fumier. Son utilisation requiert effectivement un certain nombre de précautions : il faut faire attention aux doses et épandre sur un minimum de matières végétales pour équilibrer la "ration du sol". »

PàgraT ajoute : « Un méthaniseur n'est rien d'autre qu'un rumen géant et pourtant les prairies qui supportent les bovins produisent de l'humus stable. Mais vous avez raison, les producteurs doivent être très prudents quant à l'équilibre de leur bilan humique. »

Des contrôles sont indispensables 

!! : « Pour améliorer le rendement d'un méthaniseur, l'utilisation de produits dit nobles est indispensable : ensilage, drêche, fécule... tout cela pour un rendement économique faible. »

Daniel Chateigner : « Appauvrissement des terres et pollutions en tout genre : voilà ce que la méthanisation produira, si elle n'est pas méticuleusement contrôlée, ce qu'il est impossible de faire à ces échelles. »

Patou : « Ce qui me dérange surtout, c'est la volonté de développer de très grosses unités de méthanisation pour maximiser la rentabilité économique. On les alimentera avec n'importe quoi et les digestats ne contiendront pas que des effluents nobles. Là, je rejoins Daniel Chateigner. »

Titian : « Le rendement de la méthanisation n'est pas terrible pour faire de l'électricité. Ce procédé commence à être plus pertinent pour injecter du gaz dans le réseau, mais il faut quand même un bon paquet d'énergie. Pas sûr que la balance énergétique soit si probante. »

Daniel Chateigner :  « Depuis quand un excellent projet devrait-il nécessiter de la communication pour être accepté ? Si ces projets étaient aussi vertueux que présentés dans ces nombreux articles, la pilule passerait toute seule vous ne croyez pas ? Alors pourquoi les projets de méthanisation sont-ils cachés jusqu'à ouverture de l'enquête publique ? Qu'y a-t-il derrière ces gros réacteurs chimiques ? La méthanisation est une des voix du mix énergétique, mais ce ne peut pas être autant développée que ne le disent les autorités et différents organismes. N'oubliez pas, l'énergie verte n'existe pas, et le biogaz n'a rien de bio ! »

Patou : « Pour de l'argent, on fait n'importe quoi et les agriculteurs méthaniseurs tombent dans le piège car les investissements sont très lourds et difficiles à amortir et pour une industrie ou collectivité. (...) En dehors de l'aspect "paysans = recyclage de la m... des autres", ma laiterie m'a vivement déconseillé d'utiliser tous ces déchets car l'on risque de retrouver des métaux lourds dans le lait !! »

Jrdes3cornets : « (...) Le gouvernement a modifié la loi dernièrement pour supprimer l’enquête publique et l’étude d’impact pour les unités traitant moins de 100 t/jour. C'est aberrant qu'autant que de nombreux scientifiques s’inquiètent des effets néfastes des digestats. »

AM2R : « Vous présentez la communication comme la clé de la réussite de ces projets. Mais qu’en est-il des méthaniseurs existants et qui refusent toute forme de transparence et de discussions avec les riverains ? Pensez-vous qu’une discussion en amont puisse réellement être la solution pour limiter les pollutions olfactives et celle des parcelles d’épandage ?? »

Patou : « AM2R, normalement le digestat issu d'effluents agricoles n’a pas d'odeur. Pourriez-vous nous expliquer ce que traite le méthaniseur en question ? »

Pauline Mignot : « Nous n'avons pas réussi à obtenir des informations officielles à ce sujet (pas de rapport d’exploitation). Mais nous ne sommes pas dans le cas d’un méthaniseur fonctionnant avec des intrants uniquement agricoles. »

Titian : « Je crains qu'il ne faille pas 15 ans pour comprendre le peu d'intérêt de la méthanisation pour l'avenir dans bien des situations agricoles. Outre l'aspect agronomique, qui n'est pas bien connu et maîtrisé, le bilan énergétique global pèsera économiquement sur les futures installations. »

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