Les salariés n'ont jamais été aussi nombreux à télétravailler avec la crise sanitaire. Si le Covid-19 a donné un coup d'accélérateur, Jean Castex espère que cette pratique "survivra à la pandémie". Il a ainsi demandé aux organisations patronales et syndicales de négocier un accord sur le sujet. Alors que plusieurs points s'avèrent épineux, les entreprises, elles, prennent les devants. 

Le télétravail a été un outil majeur dans la lutte contre la pandémie. Et il devrait le rester encore un moment. Le gouvernement, qui ne veut pas reproduire un déconfinement brutal comme ce fut le cas en mai, compte en effet pousser les entreprises à poursuivre cette pratique, à 100 % quand c’est possible, au moins jusqu’aux vacances de Noël. Emmanuel Macron pourrait évoquer le sujet mardi soir lors de son allocution. 
Et cette pratique pourrait perdurer au-delà de la pandémie. C’est en tout cas le souhait du Premier ministre. "Le télétravail pourrait être un héritage positif de cette crise si grave", a avancé Jean Castex le 17 novembre devant les Parlementaires. "Mon vœu c’est que le télétravail survive à cette pandémie", a-t-il déclaré. La Covid-19 a en effet mis un coup d’accélérateur à cette pratique dans les entreprises. 
Un encadrement nécessaire
Lors de ce deuxième confinement, entre le 4 et le 8 novembre, les autorités ont constaté que 45 % des salariés du privé étaient en télétravail en moyenne 3,7 jours par semaine. Les entreprises ont certes été poussées par le gouvernement qui a rendu ce mode de travail "obligatoire" selon la ministre Élisabeth Borne, mais la dynamique pourrait bien être lancée. Reste à l’encadrer. Dans cette perspective, Jean Castex a demandé aux organisations patronales et syndicales en juillet dernier de préparer des négociations. Celles-ci sont toujours en cours, mais s’avèrent difficiles. 
"Nous voulons un accord contraignant et le patronat veut simplement un guide des bonnes pratiques", analyse dans Le Parisien Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Il veut par exemple des règles sur le temps de travail, le droit à la déconnexion ou encore l’indemnisation des repas. Le patronat a fait un pas en avant dimanche 22 novembre : il a reconnu la responsabilité de l’employeur en cas d’accident du travail alors qu’il le refusait jusqu’ici.
Le Covid-19, un tournant 
Aujourd’hui, un tiers de télétravailleurs bénéficient d’un cadre réglementaire. Sur les bancs de l’Assemblée, la députée Paula Forteza espère accélérer la cadence. Dans une tribune au JDD, elle appelle à considérer le télétravail "comme une évolution pérenne des modalités de travail". Elle propose que tous les travailleurs qui en font la demande "puissent avoir, demain, le droit à au moins deux journées de télétravail par semaine". Pour cela, elle compte s’appuyer sur la loi inspirée sur les recommandations de la Convention citoyenne pour le climat dont le Parlement va bientôt se saisir. Il s’agit de s’appuyer sur l’impact positif sur l’environnement de ce mode de travail.
En attendant, certaines entreprises prennent les devants. Le groupe Suez vient en effet de conclure un texte avec les partenaires sociaux permettant aux salariés deux jours de travail hors période de crise. Le retour d’expérience, positif, du télétravail lors du confinement a marqué un vrai tournant. "Nous n’aurions jamais signé cet accord-là, maintenant, sans l’expérience du confinement du printemps dernier", reconnaît pour l’Usine Nouvelle Isabelle Calvez, directrice des ressources humaines du groupe Suez.
Marina Fabre, @fabre_marina

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