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Diesel : ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain

LE CERCLE/POINT DE VUE - Les véhicules diesel aujourd'hui n'ont rien à voir avec ceux commercialisés il y a 15 ans. Pour Olivier Appert, membre de l'Académie des technologies, il est urgent d'engager un débat éclairé laissant place aux avis des experts.

Les véhicules diesel commercialisés aujourd'hui sont beaucoup moins polluants que ceux vendus il y a une quinzaine d'années.
Les véhicules diesel commercialisés aujourd'hui sont beaucoup moins polluants que ceux vendus il y a une quinzaine d'années. (Shutterstock)

Par Olivier Appert (membre de l’Académie des technologies)

Publié le 8 mars 2019 à 08:13

Après le « dieselgate » de 2015, lors duquel preuve a été faite que certains constructeurs automobiles ont délibérément triché pour contourner les normes, la technologie diesel est rapidement devenue une victime expiatoire toute désignée dont se sont servies les autorités publiques locales ou nationales au service de leurs politiques de lutte contre la pollution atmosphérique. Mais bannir le diesel des centres-villes est-il une panacée qui permettra de résoudre tous les problèmes ? Est-il raisonnable de se lancer dans une telle politique sans une analyse approfondie ?

En Europe, le « dieselgate » a accéléré la mise en oeuvre d'un nouveau cycle d'homologation des véhicules plus représentatif des conditions réelles d'utilisation. C'est une avancée qui était attendue depuis plusieurs années. Les nouvelles normes européennes Euro 6c sont basées sur ce nouveau cycle qui fait l'objet d'un consensus et réconcilient tests en laboratoire et mesures sur le terrain.

Le transport routier n'est à l'origine que d'une partie des émissions de particules fines.

Elles prennent en compte l'impact sur la santé des émissions polluantes : sur ce point il subsiste des débats concernant notamment les effets de seuil. On peut rappeler que les évolutions de la réglementation européenne ces dernières années visaient à fixer des limites d'émissions quasi identiques pour les véhicules essence et diesel (neutralité carburant), situation atteinte avec Euro 6c.

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Des progrès importants

La technologie diesel a fait l'objet ces dernières années de progrès technologiques importants. C'est par exemple le cas des catalyseurs d'oxydation et, plus récemment, des procédés de réduction des émissions de NOx ou encore des dispositifs de pièges à particules efficaces sur toute la gamme de taille de particules. Les véhicules diesel aujourd'hui n'ont rien à voir avec les véhicules commercialisés il y a quinze ans.

Il faut aussi rappeler que le transport routier n'est à l'origine que d'une partie des émissions de particules fines : ce n'est que 28 % dans la région Ile-de-France. Et encore la moitié de ces émissions provient de véhicules de plus de 15 ans.

Les normes Euro 6 ont été rendues significativement plus sévères par rapport aux normes antérieures. Sur un échantillon de 270 véhicules homologués depuis septembre 2018, date de mise en oeuvre de la norme Euro 6c, 87 % des véhicules respectent également la norme essence permettant de classer ces véhicules en Crit'Air 1.

La motorisation diesel présente des avantages indéniables en matière de consommation d'énergie et donc d'émission de gaz à effet de serre. La consommation d'énergie est inférieure d'environ 10 à 15 % par rapport à une motorisation essence.

Engager un débat éclairé

Compte tenu de l'ampleur des problèmes de pollution locale et globale liés au transport, il n'existe malheureusement pas de panacée. Une stratégie « no regrets » consiste à favoriser le retrait du marché des véhicules anciens les plus polluants : la prime à la casse est une mesure efficace. Cette mesure peut être doublée d'une interdiction d'accès aux centres-villes des véhicules les plus anciens.

Il faut sortir d'une logique d'invective basée sur des approximations.

Il est urgent d'engager un débat éclairé laissant place aux avis des experts pour sortir d'une logique d'invective basée sur des approximations, voire de fake news. Il est indispensable d'avoir une approche systémique globale. Ce débat doit prendre en compte la réalité des technologies disponibles. Il doit intégrer bien entendu les impacts sur l'environnement local et global et sur la santé. Il ne faut pas non plus oublier les dimensions économiques, sociales et industrielles.

Olivier Appert est membre de l'Académie des technologies.

Olivier Appert

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