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Nucléaire : les réacteurs américains en route vers 80 ans d'exploitation

L'autorité de sûreté nucléaire américaine a publié un projet de lignes directrices pour prolonger la durée d'exploitation des réacteurs de 60 à 80 ans.

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Par Véronique Le Billon

Publié le 12 janv. 2016 à 01:01

Les réacteurs nucléaires américains lancés dans les années 1970 produiront-ils toujours de l'électricité en 2050 ? La voie a en tout cas été officiellement ouverte par la publication, fin 2015, d'un projet de lignes directrices par l'autorité de sûreté nucléaire américaine, la NRC. Une fois finalisés, les documents, qui sont soumis à consultation publique jusqu'en février, « décriront les méthodes et les techniques acceptables par les équipes de la NRC pour le renouvellement de licence » jusqu'à 80 ans d'exploitation, indique l'autorité.

Le parc nucléaire américain est le plus important au monde, avec 99 réacteurs en fonctionnement, devant la France et ses 58 réacteurs. Aux Etats-Unis, une licence d'exploitation est initialement attribuée pour 40 ans, et les électriciens peuvent demander un renouvellement pour 20 années supplémentaires. Ce qu'ils ont déjà largement fait : la NRC a accordé des renouvellements de licence jusqu'à 60 ans pour 81 réacteurs.

Une logique de conformité, pas d'amélioration

L'électricien américain Dominion, qui exploite quatre centrales nucléaires outre-Atlantique, a annoncé son intention de demander un deuxième renouvellement de licence pour ses deux réacteurs de Surry Power Station, en Virginie, connectés au réseau en 1972 et 1973 et d'ores et déjà autorisés à fonctionner jusqu'en 2032 et 2033. « L'entreprise examine tous les aspects techniques nécessaires à ce renouvellement, et, si le dossier n'est pas complet à ce stade, nous ne voyons pas d'obstacle insurmontable pour soumettre cette demande en 2019 », a indiqué Dominion. De fait, le projet publié par la NRC pour autoriser une nouvelle prolongation de licence ne bouleversera pas les règles actuelles. « La Commission a estimé que le cadre classique pour le renouvellement de licence restait approprié pour un renouvellement ultérieur de 60 à 80 ans », indiquait le patron de la NRC, Stephen Burns, dans une interview à Bloomberg fin décembre. Les exploitants devront faire la démonstration que les matériaux les plus sensibles - notamment la cuve qui ne peut être changée- pourront être exploités de manière sûre. Une gageure, pour certains experts. « On est un peu dubitatifs », résume Frédéric Ménage, directeur de l'expertise de sûreté à l'IRSN. « Les Américains ne sont pas dans une logique d'amélioration de la sûreté mais de conformité, même s'ils font évidemment un retour d'expérience quand un événement du type de celui de Fukushima survient », explique Jean-Christophe Niel, directeur général de l'Autorité de sûreté nucléaire française.

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Pour certains réacteurs, les conditions économiques du secteur, dégradées par le gaz de schiste favorable aux centrales à gaz, ont déjà eu raison du vieillissement des installations. Ainsi, deux réacteurs dotés d'une licence pour 60 années d'exploitation ont déjà fermé définitivement.

Véronique Le Billon

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