BCE : super Mario Draghi, applaudi de toutes parts

BCE : super Mario Draghi, applaudi de toutes parts
(LA UNE DE "LIBÉRATION")

La presse ne tarit pas d'éloge à l'égard du président de la Banque centrale européenne, qui vient d'annoncer une décision historique : la planche à billets pour l'euro. Voici pourquoi.

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Super Mario, le surnom ne date pas d'hier. Depuis qu'il a succédé à Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne, l'Italien Mario Draghi a fait ses preuves.

Depuis 2012, la zone euro est sortie progressivement de la crise de la dette qui menaçait de la faire imploser via la Grèce, ce qui avait valu au banquier central de se voir attribuer les pouvoirs magiques du célèbre héros de jeu vidéo. 

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Il reste cependant toujours étonnant de voir un ancien salarié de Goldman Sachs, l'une des banques d'investissement les plus puissantes au monde, salué un peu partout, quel que soit le bord politique.

"Intelligent"

Au lendemain de la décision de la BCE de faire tourner la planche à billets pour acheter des titres de dette des Etats de la zone euro, la presse est unanime. La Une de "Libération" présente le plombier de Nintendo le poing levé, entouré de pièces d'or ; on directeur Laurent Joffrin se réjouit : 

Il y a au moins un banquier intelligent en Europe : Mario Draghi"

Un tel succès d'estime, ce n'était pas gagné. A la demande des Allemands, la Banque centrale européenne, lors de sa création, n'a reçue qu'une mission officielle : lutter contre l'inflation. Ce qui rendait impossible, a priori, son soutien à la croissance, une mission qu'assurent ses homologues anglaise, américaine et japonaise dans leurs pays.

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"Autorité"

Néanmoins, les politiques de réduction des déficits, menées simultanément dans tous les pays européens ont non seulement tué toute la croissance en zone euro, mais ont aussi fait disparaître toute inflation, poussant même l'économie européenne au bord de la déflation,  un lent ralentissement de l'économie qui touche le Japon depuis plus de dix ans.

C'est ce qui a permis à Mario Draghi de justifier un recours à l'équivalent de l'arme atomique pour les banquiers centraux :  le "quantitative easing".

Même si elle était justifiée, cette mesure n'était pas acquise pour autant. "Mario Draghi a encore démontré son autorité en tant que président de la BCE", lit-on dans le "Financial times".

Car l'Allemagne, par la voix de sa représentante à la BCE, Sabine Lautenschläger, s'est opposée à cette politique monétaire "non conventionnelle" juqu'au bout. Elle craint qu'un soutien trop important dissuade les gouvernements de mettre en oeuvre les réformes structurelles qu'elle réclame.  Sud-Ouest constate : 

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Les Allemands ne voulaient pas entendre parler du rachat de dettes, synonyme selon eux de laxisme ou d'inflation. Mais l'Italien Draghi les a pris à leur propre jeu, car ce sont aussi eux qui avaient imposé (par le traité de Maastricht) l'indépendance de la Banque centrale vis-à-vis des pouvoirs politiques."

Mario Draghi n'est cependant pas salué que pour ses talents politiques. Comme le note le Financial Times : 

 Il a aussi démontré que c'était un filou", 

Techniquement, l'Italien s'est débrouillé pour contourner les blocages au Parlement allemand et à la Cour de justice européenne. 

Quand les banquiers et les anti-austérité sont d'accord

Enfin, il a frappé tard, mais beaucoup plus fort qu'attendu, puisque les marchés s'attendaient à ce que la BCE injecter 700 milliards d'euros, mais la BCE est allé beaucoup plus loin : plus de 1.000 milliards.

"Super Mario" a donc décidé de répondre efficacement à l'atonie de l'économie européenne. "Mario Draghi ne nous a pas déçus, maintenant la fête peut commencer", ont commenté les économistes de Natixis.

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"Dans le respect de son indépendance, je ne peux que me féliciter de ces décisions", a déclaré François Hollande, estimant que la BCE jouait son rôle quand elle "luttait contre le chômage" et faisait "en sorte que la croissance soit prioritaire.

Le parti grec Syriza, très à gauche, estime de son côté que "le président de la BCE contredit ceux qui ont semé la peur et la panique" et considère que l'offensive monétaire de l'institution de Francfort "va bénéficier au prochain gouvernement grec dans l'intérêt du pays".

C'est aussi l'avis d'économistes anti-austérité, pour qui le programme européen va permettre de desserrer l'étau sur certains pays accablés par le chômage de masse.

Un banquier central arrive donc à mettre d'accord à la fois les banquiers et les économistes militants contre l'austérité... Une fois n'est pas coutume.

Donald Hebert

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