Abraham Maslow

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Abraham Maslow
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Président de l'Association américaine de psychologie
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 62 ans)
Menlo ParkVoir et modifier les données sur Wikidata
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Bertha Goodman Maslow (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Université Brandeis (-)
Brooklyn College (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Maître
Directeur de thèse
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Œuvres principales
Pyramide des besoins de Maslow, A theory of human motivation (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Abraham Harold Maslow, né le à New York et mort le à Menlo Park en Californie, est un psychologue américain humaniste, considéré comme le père de l'approche humaniste en psychologie. Il est connu pour son explication de la motivation par la hiérarchie des besoins humains, souvent représentée par la suite sous la forme d'une pyramide.

Biographie[modifier | modifier le code]

Abraham Harold Maslow est né le à Brooklyn, New York. Il était le fils aîné de sept enfants d'immigrants juifs ashkénazes venus d’Ukraine, arrivés aux États-Unis moins d'un an avant sa naissance. Après la Seconde Guerre mondiale, Maslow commença à questionner la façon dont les psychologues étaient arrivés à leurs conclusions et, même s'il n'était pas tout à fait en désaccord, il avait ses propres idées sur la compréhension de l'esprit humain.

Abraham Maslow meurt à Menlo Park en Californie, le d'une crise cardiaque[1].

Travaux et apports[modifier | modifier le code]

Abraham Maslow reste une référence pour de nombreux psychologues dans le monde entier. Il est connu dans la psychologie du travail pour ses études sur la motivation, souvent représentée par une pyramide dont il faudrait monter les degrés les uns après les autres pour atteindre la pleine satisfaction des besoins. Il est parfois considéré comme l’initiateur de la psychologie humaniste, avec Carl Rogers en particulier et comme un représentant de la psychologie transpersonnelle qui s’intéresse à la dimension spirituelle de l’homme et aux états de conscience exceptionnels. En psychothérapie, il base sa recherche « sur une volonté, une tentative, de formuler une théorie positive satisfaisant des demandes théoriques, tout en restant conforme aux faits cliniques, connus et observables »[2].

Les premières recherches de Maslow ont concerné le comportement des animaux (chiens, singes) et les déterminants du comportement humain en société. À partir des années 1940, son intérêt s’est porté sur les sentiments négatifs (la peur, la privation, l’insécurité), pour ensuite se tourner vers leur contraire, la motivation et la satisfaction. Dès le début des années 1950, ses études sur la motivation le conduisent à s’interroger sur l’accomplissement de soi et, une décennie plus tard, sur les expériences mystiques.

La continuité est claire dans cette démarche qui conduit Maslow de l’analyse des états psychologiques les plus pénibles à l’étude de la motivation puis du sentiment de plénitude, ce qu’il a appelé les « expériences paroxystiques ». Il en résulte une œuvre à la fois foisonnante et originale, qui a ouvert de nombreuses voies dans la recherche et dans la pratique.

On doit en particulier à Abraham Maslow l’élaboration d’un lexique précis, pour aborder la mystique et les états de conscience exceptionnels dans des termes scientifiques, tout en respectant la spécificité de ces expériences.

Théorie de la motivation et des besoins[modifier | modifier le code]

Au cours de sa carrière, Maslow s'est intéressé principalement aux motivations « supérieures » de l'Homme dans sa hiérarchie (l'accomplissement de soi) et aux états de plénitude (expériences paroxystiques), ainsi qu'aux fondements de la santé psychique.

Sa hiérarchie des besoins signifie que l'Homme n'atteint le plein développement de son psychisme que s'il est satisfait sur tous les plans : physiologie, sécurité, amour (appartenance), estime (reconnaissance) et accomplissement de soi (créativité). Malgré l'apparence rigide de la pyramide faite d'étapes fixes pour la progression, Maslow a dit depuis sa première publication en 1943 que les besoins humains sont dynamiquement fluides — avec plusieurs de ces besoins présents dans une personne simultanément[3].

Cette hiérarchie est généralement représentée sous la forme d'une pyramide qui, de la base au sommet, distingue cinq niveaux de besoins :

  1. à la base, les besoins physiologiques (tels que la faim, la soif) ;
  2. ensuite, les besoins de sécurité et de protection (tels que le désir d'un toit ou d'une bonne assurance). Ces deux aspects assurent la survivance physique d'une personne ;
  3. puis viennent les besoins d'appartenance, besoins sociaux qui reflètent la volonté de faire partie d'une famille, d'un groupe, d'une tribu ;
  4. ensuite arrivent les besoins d'estime de soi (qui permettent de se regarder dans le miroir le matin) pour les besoins psychologiques ;
  5. enfin, apparaissent au sommet de la hiérarchie, les besoins de s'accomplir.

La pyramide qui a été attribuée à Maslow représente mal la richesse de son analyse, et surtout trahit la vision dynamique qu'il avait des besoins dans la construction de la personnalité[4].

Fait à noter, Maslow n'a jamais représenté sa théorie de la hiérarchie des besoins sous la forme d'une pyramide ; cette représentation est le fruit d'un consultant en gestion qui a proposé cette figure dans les années 1960[5]. Si Maslow est très connu dans le domaine du management, notamment dans les travaux consacrés au comportement organisationnel, ses recherches concernaient la psychologie générale, et ce sont ses successeurs qui ont appliqué ses conclusions à la sphère de l'entreprise. Lui-même n'a écrit que des notes à ce sujet, qui ont été publiées en 1965 sous le titre Eupsychian Management, où il est peu question de motivation, mais beaucoup plus de la société adéquate et de l'eupsychie (ou santé psychologique).

Maslow estime que les besoins élémentaires (physiologiques et de sécurité) étant satisfaits, la personne cherche ensuite à satisfaire les autres besoins d'ordre supérieur de façon à alimenter sans cesse les motivations. Un besoin d'ordre supérieur ne peut être satisfait que si les précédents le sont. Ainsi, pour appliquer ce modèle au monde professionnel, rien ne sert de vouloir motiver les salariés au niveau de l'estime et de l'accomplissement, si des menaces de licenciements portent atteinte à la sécurité et si les salaires ne sont pas suffisants pour satisfaire pleinement les besoins physiologiques.

Maslow tient finalement un discours optimiste dans la mesure où il considère qu'il est possible que les salariés puissent, dans leur travail, s'accomplir, se réaliser, pourvu que le management soit participatif (cf. théorie de Douglas McGregor).

Maslow propose une étude sociologique de la spiritualité dans laquelle il classifie avec beaucoup de finesse les différentes manifestations paroxystiques, telle que la révélation. Sa démarche est celle d'un scientifique qui approche globalement une dimension du fait religieux de manière macroscopique, soit comme un sociologue ou même comme un ethnologue, et qui use ensuite d'une analyse psychologique pour aborder l'échelle microscopique de l'expérience paroxystique. Cette démarche n'est pas sans rappeler celle de Stanley Milgram.

Dès 1967, Maslow commence à identifier un nouveau besoin motivationnel, un nouveau degré qu'il appellera dépassement de soi (self-transcendence). L'avant-dernier degré (besoin d'actualisation) est distinct du besoin d'accomplissement de soi. En 1969, il affirme clairement que l'être humain complètement développé tendra à être motivé par des valeurs qui transcendent sa personne15. Ces individus poursuivent une recherche qui dépasse leur propre individualité, pour s'impliquer dans une communion plus large, impliquant souvent un engagement au service d'autrui. Le besoin d'accomplissement de soi implique que l'individu travaille à actualiser son propre potentiel, alors que le niveau de dépassement de soi (« self-transcendence ») implique de mettre de côté ses propres besoins, au bénéfice de service à autrui ou à d'autres causes, extérieures à soi. Ce modèle est décrit dans un article de Koltko-Rivera[6] et, plus récemment, dans un ouvrage de vulgarisation à succès du psychologue américain Scott Barry Kaufman[5].

Les expériences paroxystiques («peak experience»)[modifier | modifier le code]

Une telle expérience correspond à un état modifié de conscience caractérisé par l'euphorie, souvent atteint par les individus qui sont en train de s'accomplir[7]. Le concept a été développé à l'origine par Abraham Maslow en 1964[8], qui décrit de telles expériences exceptionnelles comme "des expériences rares, excitantes, océaniques, profondément émouvantes, enivrantes, exaltantes, qui s’accompagnent d’une forme aboutie de perception de la réalité, et qui ont même un effet mystique et magique sur l'expérimentateur" [9]. " Ces «expériences de pointe» peuvent survenir lors de simples activités ou à l’occasion d’événements intenses [10]; cependant, ce n'est pas nécessairement la nature de l'activité qui compte, mais le sentiment extatique et de félicité que l'on éprouve pendant l'activité[11],[12]. Une telle expérience peut être atteinte par exemple lors d’une rencontre esthétique avec la nature sauvage[12].

Critiques[modifier | modifier le code]

Dans les années 90, sa théorie de la motivation et des besoins commença à être remise en cause[13].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

  • Une théorie de la motivation (A Theory of Human Motivation), .

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Les ouvrages sont présentés par date de publication originale croissante.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cet ouvrage a été réédité en sous le titre Maslow on management.
  2. Cet ouvrage, publié à titre posthume, est une collection d'articles et de lettres regroupés par Edward Hoffman.
  3. Cet ouvrage, publié à titre posthume, est une collection d'articles et de lettres regroupés par Deborah Stephens.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Dr. Abraham Maslow, Founder of Humanistic Psychology, Dies », The New York Times,‎ , p. 47 (lire en ligne).
  2. Matthew Barnes, « Classics in the History of Psychology -- A. H. Maslow (1943) A Theory of Human Motivation », sur psychclassics.yorku.ca (consulté le ).
  3. Maslow 1943.
  4. « Accomplissement de soi : comprendre l’accomplissement de soi », sur psychotherapie.comprendrechoisir.com (consulté le ).
  5. a et b (en) Kaufman, Scott Barry,, Transcend : the new science of self-actualization, New York, TarcherPerigree, (ISBN 978-0-14-313120-5 et 0-14-313120-6, OCLC 1138996358, lire en ligne), p. XXIX
  6. (en) Mark E. Koltko-Rivera, « Rediscovering the later version of Maslow’s hierarchy of needs: Self-transcendence and opportunities for theory, research, and unification. », Review of General Psychology, no 10,‎ , p. 302-317 (lire en ligne).
  7. (en) Robert Panzarella, « The Phenomenology of Aesthetic Peak Experiences », Journal of Humanistic Psychology, vol. 20, no 1,‎ , p. 69–85 (ISSN 0022-1678, DOI 10.1177/002216788002000105, lire en ligne, consulté le )
  8. Maslow, A. H. (1964). Religions, values, and peak-experiences (Vol. 35). Columbus: Ohio State University Press.
  9. Corsini, Raymond J. (1998). Encyclopedia of Psychology. United States: John Wiley & Sons.
  10. (en) « Peak Experiences in Sport », Journal of Humanistic Psychology, vol. 17, no 4,‎ , p. 35–40 (ISSN 0022-1678, DOI 10.1177/002216787701700404, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Anne J. Woodward, Bruce M. Findlay et Susan M. Moore, « Peak and mystical experiences in intimate relationships », Journal of Social and Personal Relationships, vol. 26, no 4,‎ , p. 429–442 (ISSN 0265-4075, DOI 10.1177/0265407509339994, lire en ligne, consulté le )
  12. a et b Matthew G. McDonald, Stephen Wearing et Jess Ponting, « The Nature of Peak Experience in Wilderness », The Humanistic Psychologist, vol. 37, no 4,‎ , p. 370–385 (ISSN 0887-3267, DOI 10.1080/08873260701828912, lire en ligne, consulté le )
  13. M. Daniels, « The Myth of Self-Actualization », Journal of Humanistic Psychology, 28, 1, 1988, p. 7- 38 ‹doi.org/10.1177/0022167888281002›  ; A. Neher, « Maslow’s Theory of Motivation. A Critique  », Journal of Humanistic Psychology, 31, 3, 1991, p. 89-112 ‹doi.org/10.1177/0022167891313010›.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Willard B. Frick, Humanistic Psychology: Conversations with Abraham Maslow, Gardner Murphy, Carl Rogers, Bristol, Wyndham Hall Press, coll. « Cornucopia library of reprint classics », (1re éd. 1971), 186 p. (ISBN 978-1-55605-106-7).
  • (en) Frank G. Goble, The Third Force: The Psychology of Abraham Maslow, New York, Grossman, , 201 p. (ISBN 978-0-670-70065-3, lire en ligne).
  • (en) Tom Greening, « Abraham Maslow: A Brief Reminiscence », Journal of Humanistic Psychology, vol. 48, no 4,‎ , p. 443-444 (DOI 10.1177/0022167808320533, lire en ligne).
  • [Hoffman 1988] (en) Edward Hoffman, The Right to be Human: A Biography of Abraham Maslow, New York, St Martin's Press, , 382 p. (ISBN 978-1-85274-049-8). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Maslow 1943] (en) Abraham Maslow, « A Theory of Human Motivation », Psychological Review, vol. 50, no 4,‎ , p. 370-396 (DOI 10.1037/h0054346). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Maslow 1966] (en) Abraham Maslow, The Psychology of Science: A Reconnaissance, New York, Harper & Row, coll. « John Dewey Society lectureship series » (no 8), , 168 p. (ISBN 978-2-86943-248-2). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]